CROISY SUR EURE ET SES BRAS DE RIVIERE 

 

            Comme son nom l’indique, Croisy se situe en bordure de l’Eure ; néanmoins on ne voit apparaître cette dénomination qu’au début du 19ème siècle. La topographie du terrain explique les sites de construction au regard des passages d’eau dans le village que nos Anciens ont préservés avec sagesse. L’eau est source de vie, elle abreuve,  elle irrigue, elle est force motrice des moulins, elle permet le développement de la faune et de la flore.

 

            Un premier lot d’habitats se situe au lieudit « le Béchet » où l’on trouve le moulin construit sur le bras du Béchet, détournant l’eau de l’Eure au niveau de l’île de Barbavant et le rejoignant à environ 200 m après le pont de Ménilles. Le deuxième est situé  le long du bras Sagout au centre du village avec le moulin dit du « bras Sagout ». Le premier  pont sur l’Eure pour rejoindre Ménilles  a été construit en 1863. Auparavant, seuls un gué et un bac permettaient de passer l’Eure au droit du moulin de Ménilles. D’après Charpillon , le moulin de Ménilles existait déjà en 1401 et appartenait aux « hoirs » de Roger Doiron.

 

Le gué se trouvait au droit du lavoir  de Ménilles et se prolongeait par un chemin devenu rue du Moulin. Il existait déjà sur le cadastre de 1700 et jouxtait la propriété Maubuisson.

 

Le bac traversait l’Eure un peu plus en aval au droit du chemin du Ranguet allant de l’Eure vers le château de La Rochefoucault, en l’extrémité du moulin de Cléli. Il faut que le lecteur sache que ce dernier, l’île et les terrains et habitations de ce quartier faisaient partie de Croisy comme le mentionne le « plan de la fief aux DEUAUX, située dans la paroisse de Ménilles dépendant de la fief de Croisy ».

 

Le bras du Béchet existait déjà en 1685 puisque le 25 août de cette année, on retrouve l’attestation du chanoine Deschamp de la cession de la cure à Monsieur de Fiesque. En fait, la trace d’un moulin est citée dans les registres de la paroisse en 1718. Ce bras alimentait le moulin du Bechet et était dénommé à l’époque moulin du champ de l’avoine. Il fut détruit au 17ème siècle pour être reconstruit au 18ème.

 

Associée à ce lot d’habitations, la plus vieille maison de Croisy appartenant actuellement à M. Sandret au 28 de la route de Ménilles, a été témoin de l’ensemble des crues de ces trois derniers siècles, dont celle de 1680, sans être inondée. (Cf. carte de Vœux année 2008)

 

            Le deuxième site hors d’eau du village est le groupement de maisons autour du château et de l’église intégrant derrière celle-ci, un verger où est construite en 1790 une grande maison qui devait être le presbytère de l’église. Comme on peut le voir sur le cadastre datant de 1700, le château et la ferme étaient complètement entourés de douves.

 

Cette stratégie de fossés avait  pour but, autre que celui de la défense des lieux, de se protéger des inondations et pouvoir alimenter en eau les prairies en cas d’étiage. Le rôle des vannages et l’institution de seuils aux embouchures de ses bras et fossés étaient primordiaux. Deux ponts permettent de rentrer au château ; celui de la cours d’honneur date du 19ème siècle, celui de la ferme existait au début du 18ème siècle. C’était même un pont levis. Il a été reconstruit en 1928.

 

            C’est sur le bras du moulin Sagout que le deuxième moulin de Croisy, a été érigé. Cet autre moulin, construit quelques années avant celui du Béchet  puisque datant de 1684, est situé sur la rivière creusée auparavant  pour alimenter ledit moulin Sagout, le moulin de Croisy et enfin le moulin de Vaux. (Cf. carte de vœux 2003)

 

            Quand on parle d’eau, il ne faut pas aussi oublier les lavoirs, nous en avons fait l’apologie dans la carte de vœux 2006. Ils étaient au nombre de trois, l’un sur le bras Sagout, l’autre sur le canal du château et enfin un troisième  moins visible au pied du pont passant au-dessus du bras du Bechet. Ces lavoirs marquaient le temps et la vie de notre village.

 

            L’ensemble des fossés, des vannages et ouvrages sur les bras de rivière, entretenus à la main par nos Anciens, montre l’intérêt qu’ils avaient à préserver leur patrimoine hydraulique.

 

Sachons, à notre tour, le respecter pour réguler les débits et de gérer l’eau sur l’ensemble de la vallée en fonction des besoins que ce soit en période d’inondation, comme en période d’étiage.

 

copie du cadastre de Croisy datant du 17ème
copie du cadastre de Croisy datant du 17ème